De Mendizabal, Aïtor

« La trajectoire artistique du sculpteur Aïtor de Mendizabal comporte des moments de « pause » où l’artiste met de côté la pratique du matériau dur (marbre, granit, fer, bronze, acier corte…) dont il maitrise toutes les techniques de manipulation, pour se détendre dans la « légèreté » d’un travail en deux dimensions.
Ces grandes toiles (2m x 1,15) sont traitées dans la plus grande sobriété, ce qui apporte pureté et puissance au discours. Le même pinceau fin trempé dans l’encre de Chine, plus souple que la mine de plomb mais de maniement plus délicat, paraît caresser les formes avec le sens tactile du sculpteur polissant le bronze. Medium caractéristique de l’artiste, il assure une incontestable parenté entre ses dessins, par ailleurs aussi automnes que les haïkus le sont dans un même recueil. Il ne s’agit pas tant d’alterner des méplats noirs et des réserves de blanc que donner du relief et du dynamisme par les fines ciselures qui cintrent minutieusement les ramifications d’une appareillage sophistiqué, reliées par des nœuds puissants comme des articulations d’un organisme vivant. On sent cet irrésistible besoin de contraindre ou libérer la matière et les formes pour leur impulser mouvement de vie.
Un observateur à la recherche d’une « figure » voudrait découvrir ici un insecte ou un crustacé gigantesque, là un oiseau fabuleux ou encore la silhouette d’un athlète en pleine extension…
Interrogations légitimes mais éloignées de la démarche de l’artiste qui n’a voulu que libérer et exploiter les forces de son inconscient plus facilement qu’il ne pourrait le faire dans le travail du matériau dur (il prend d’ailleurs comme point de départ de chacun de ces dessins des sculptures réalisées dans une époque antérieure […]) sans considération pour le positionnement de ces formes libres qui se meuvent aussi bien dans la verticale, l’horizontale, voire l’oblique, dans l’espace vide de la toile nue. L’artiste joue pleinement de sa liberté à créer des équilibres de lignes, plus que de proportions ou de volumes, quitte à rompre pour trouver d’autres harmonies. Tel un compositeur de musique, il grave sa partition suivant un dessin mélodique dont il modifie les rythmes, admet des fioritures, suscite des altérations ou des dissonances dans le jeu subtil et imparfaitement parallèle de ses stries.  
Véritables sculptures en deux dimensions nées de la nécessité du créateur à exprimer sa musique intérieure dans son propre langage, elles doivent être disséquées et mieux… écoutées. »

Odile Crespy

Aucun produit ne correspond à votre sélection.