Villeglé Jacques
Il nous montre combien notre monde est conditionné par un environnement visuel quotidien, et totalement idéologisé. L’objet et le but de Jacques Villeglé est de donner à notre mémoire, matière à revenir sur elle -même, à refaire le temps, à reconsidérer sans concession le temps perdu de façon critique, ludique sans doute, mais aussi avec la lucidité et l’intransigeance d’une réelle conscience de soi et du monde tel qu’il va.
Jacques Villeglé étudie la peinture et le dessin à l’école des Beaux-Arts de Rennes où il fait la connaissance de Raymond Hains en 1945, qui restera son ami de toujours. Il travaille quelque temps chez un architecte, où il se familiarise avec les questions d’urbanisme et d’espace public, puis part à l’école des Beaux-Arts de Nantes en 1947 pour faire des études d’architecture. Il aime collecter sur les plages de Saint Malo, les bois flottés, les morceaux de métaux rongés par le sel marin, les objets de diverses natures rejetés par les flots et réalise même des petites sculptures à partir des débris récupérés du mur de l’Atlantique.
« Le prélèvement, dit-il, est le parallèle du cadrage du photographe », et il se veut comme un simple collecteur de fragments d’affiches qu’il choisit et signe. Mais le véritable artiste est selon lui, celui qui a su déchirer et délaisser à un moment choisi l’ensemble en l’état de lambeaux.
En 1958, Villeglé rédige une mise au point sur l’intérêt des affiches lacérées intitulée « Des Réalités Collectives« , préfigurant le « Manifeste du Nouveau Réalisme ».
Il réalise en 1959, puis en 1960 ses premières expositions personnelles. Après sa rencontre avec Yves Klein puis Pierre Restany et Jean Tinguely, et leur participation commune à la première Biennale de Paris, il décide avec eux de constituer le groupe des Nouveaux Réalistes.
Il se plaît au détournement de la publicité pour les marques, pour la presse, mais également aux expérimentations lettristes de Raymond Hains. Se voulant être le releveur de traces de la civilisation présente, plus particulièrement lorsqu’elles sont anonymes, Villeglé imagine à partir de 1969 un « alphabet socio-politique » en hommage à Serge Tchakhotine, auteur en 1939 d’un essai intitulé « Le Viol des foules par la propagande. »
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